Lima et les Andes
Ce matin nous nous mettons en route pour Lima, la capitale du Pérou. Il s’agit tout d'abord de refaire les 30 kilomètres de piste en sens inverse, avec les mêmes embûches qu’hier (gué à sec, passage de sable mou et tronçons glissants)… Après 45 minutes nous atteignons sans encombres la Panaméricaine avec son trafic incessant et ses fous du volant ! Les conducteurs péruviens sont les pires que je connaisse. Peu importe le véhicule qu’ils conduisent, c’est une course agressive permanente, au mépris des règles et au prix de tous les dangers !! En plus de ça nous avons droit à un brouillard humide avec une température aux environs de 16 degrés.
Je roule tranquillement en suivant le flot des véhicules quand soudain, une sirène hurlante surgit de nulle part ! La police est derrière nous et je m’arrête sur le bas-côté en me demandant ce que j’ai bien pu faire de faux. L'officier s'est montré très sympathique au début, jusqu'à ce qu'il déclare que nous roulions trop vite !? On aurait soi-disant roulé à 45 km/h dans une zone limitée à 30 km/h. Personne ne roule à 30 km/h sur cette putain d’autoroute ! Ce serait presque une tentative de suicide par rapport aux camions et autres véhicules qui te mettent sous pression dans tous les sens… Bref, je reste zen et lui rétorque que je roulais aux limitations et que je n’ai pas commis de faute. C’est bien sûr sa parole contre la mienne, et lui me menace d’une amende de 1’245 Soles (280 CHF) à payer cash. Je refuse bien évidemment, en disant que c’est beaucoup trop cher et que je n’ai pas une telle somme. Lui me menace de faire confisquer la moto si je ne paie pas. Je reste ferme et courtois, et refuse catégoriquement de me plier à ses pressions. Au bout d’un moment il me fait une contre-offre à 200 Soles (45 CHF) que je refuse également. En parallèle à ces palabres qui durent depuis 30 minutes, j’écris un WhatsApp à un contact péruvien qui me dit qu’un de ses amis va m’appeler sur mon téléphone pour parler avec la police. Et en même pas 2 minutes le policier me rend mes papiers en me faisant signe que je peux continuer mon chemin. J’apprendrai plus tard de mon contact que son ami est un ami du chef de la police, et il rajoute comme commentaire: «si tu as de bons contacts dans ce pays, tu peux tout faire»…
À ce moment-là il nous reste quelques 130 kilomètres jusqu’à Lima, et le trafic qui s’intensifie nous indique que la ville n’est plus très loin. Plus on se rapproche, plus la circulation devient infernale. On touche presque les camions ou les innombrables bus qui ressemblent à des tas de ferraille et qui essaient de se faufiler dans le moindre espace. Je me suis surpris à fredonner «Highway to hell»… Sans exagération, c'était Mexico-City et Bogota ensemble, avec une influence indienne pour ce qui est des incivilités et de la pollution. Il nous a fallu 2h30 pour parcourir les derniers 25 kilomètres qui nous séparaient de l’hôtel !!
Pour nous remettre de toutes ces émotions nous avons trouvé un joli restaurant italien où nous avons mangé un délicieux repas arrosé d’un excellent Malbec. Quelle journée mes amis, mais c’est aussi çà l’aventure et la découverte du monde.
Nous passons trois jours à Lima, entre repos, lessive, achats divers et visites. Lors de notre arrivée nous avions été désagréablement surpris par la circulation infernale et la pollution que l’on trouve dans certains quartiers, mais ce n’est heureusement pas le cas partout.
Nous séjournons dans le quartier de Miraflores qui est le quartier le plus touristique de la ville, mais également un des plus jolis et des plus sûrs. Avec une agglomération d’environ dix millions d’habitants, Lima est la cinquième plus grande ville d'Amérique latine. C'est aussi la troisième ville du monde la plus peuplée qui soit située dans un désert, après Le Caire et Bagdad. Elle est entourée des montagnes de la cordillère des Andes qui maintiennent au-dessus d'elle l'humidité venant de la mer. Ces différents facteurs expliquent que le temps y est souvent gris et humide. Nous avons la chance de profiter de belles éclaircies pour nous balader sur la promenade qui surplombe l’océan et pour visiter le quartier populaire de Miraflores. Nous passons également une journée dans le centre historique qui est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. On peut y admirer de nombreuses églises et autres bâtiments de style colonial. Au final et pour autant que l’on choisisse les bons quartiers, nous avons découvert une ville intéressante et animée, qui mérite qu’on lui consacre quelques jours.
Nous quittons Lima pour une longue étape de 313 kilomètres qui nous ramène dans les Andes péruviennes. En partant un dimanche matin à 8 heures, nous pensions que la sortie de la ville serait aisée, mais il nous faut tout de même 2 heures pour parcourir les premiers 60 kilomètres… Ensuite la route grimpe rapidement pour nous amener jusqu’au col de Ticlio Punta qui culmine à 4’816 mètres d’altitude, ce qui représente notre nouveau record !
Le col de Ticlio est connu comme le point culminant de la route centrale du Pérou et a également détenu le record du croisement ferroviaire le plus haut du monde, détrôné depuis 2006 par un chemin de fer au Tibet qui culmine à 5’068 mètres d’altitude. Cette route est magnifique et traverse des paysages d’une beauté à couper le souffle, mais le plaisir est malheureusement atténué par une circulation dantesque liée aux exploitations minières que l’on trouve dans cette région.
Après le col nous entamons une longue descente qui nous amène dans la vallée du Montaro. Nous faisons escale à Huancayo, qui est la ville où a grandi notre amie Celia. La ville de Huancayo se situe au pied de la cordillère Huaytapallana. Elle est la capitale de la région de Junín et le chef-lieu de la province de Huancayo. Avec la ville de Cuzco, ce sont les deux principales villes des Andes péruviennes.
Depuis Huancayo nous avons emprunté la Ruta 24 afin de rejoindre le Cañon De Uchco. Cette route à une seule voie est absolument sublime. Elle serpente dans les hautes vallées andines pour culminer à 4’737 mètres d’altitude, avant de redescendre pour traverser les gorges étroites du Cañon de Uchco. Nous faisons étape pour la nuit au milieu des gorges et en pleine nature, où j’ai l’occasion de déguster un ragoût de lama, ou plutôt d’Alpagua comme il disent par ici. Un peu rustique mais pas mal du tout ! Pour le reste, je vous laisse admirer les images qui parlent d’elles mêmes… Et pour ce qui est des images du pont suspendu, je coupe tout de suite court au suspens ! C’est juste un truc de malades et on ne s’y est pas aventuré.
La descente de la partie inférieure du Cañon de Uchco jusqu’à l’océan Pacifique est moins spectaculaire que la partie supérieure, mais nous avons à nouveau roulé dans de superbes paysages agrémentés par le bleu-vert des eaux cristallines de la rivière. La vallée s’ouvre au fur et à mesure que l’on se rapproche de la côte. La végétation devient également de plus en plus désertique, et la température diminue, influencée par les brouillards et les airs humides de l’océan. On quitte donc les montagnes pour quelques jours, afin d’aller découvrir la région côtière du Sud du pays…